Départ
Ça me fait un gros quelque chose de quitter le sol où tu poses ton pied, ce bout de créature si précieux que je serrais éperdument dans ma main, quand nos corps s’entrelaçaient.
modeste proposition pour venir à bout de l'ignorance
Ça me fait un gros quelque chose de quitter le sol où tu poses ton pied, ce bout de créature si précieux que je serrais éperdument dans ma main, quand nos corps s’entrelaçaient.
Deux compliments terriblement complémentaires furent adressés au serviteur public que j’avais choisi d’être par vocation : – « Avec lui, on est toujours sûr qu’il dira ce qu’il pense. » (La noble carrière de courtisan, si répandue, m’aura ainsi été évitée.) – « Il a le don de mettre le doigt où ça fait mal. » (Le doigt, je l’ai, … Continuer la lecture de Un serviteur congédié
Quelle différence entre prendre une petite dose de poison tous les jours (je ne vous fais pas un dessin) et en finir une fois pour toutes ? La lâcheté. Considérant le but de l’entreprise, espérons que le résultat est le même.
Tous les jours, je brûle (et me consume) d’entretenir autrui de ce qui me passionne ; le plus souvent je m’en garde bien, sinon sous cellophane, si je puis dire par la bande, au moyen d’anecdotes cuisinées vite fait, selon le goût du jour. Le mélange de pudeur, de prudence, de timidité, de lucidité (le sens … Continuer la lecture de Contention devant l’état de la culture
Dans cette stupide bourgade prétentieuse, petit trou dans la plaine entourée de montagnes dont Stendhal, ce jour-là particulièrement voyant, a dit tout le mal qu’il faut en penser, dans cette cuvette donc, le cycliste est proclamé et se veut roi. Et le pire c’est qu’il l’est. Je livre à l’humeur atrabilaire de tous les idiots … Continuer la lecture de Les cyclistes sont des cons
Avez-vous remarqué (quoique je doute de votre lucidité) ces voitures lancées à pleine vitesse, laissant échapper de leurs vitres grandes ouvertes des musiques syncopées et guerrières, et que les policiers feignent d’ignorer avec une notable application (qui ne peut venir que d’une inspiration d’en haut) ? Un bon conseil : tenez-vous scrupuleusement hors de leur … Continuer la lecture de Lettre du territoire occupé
Me prendre de haut, c’est s’exposer à tomber de la même hauteur.
Le pragmatisme est la meilleure des choses pour inspirer et conduire l’action – et c’est la pire pour contempler et essayer de comprendre le monde.
Le téléphone portable, ce préservatif tout nouveau, spécialement conçu (et utilisé) pour les relations dites humaines.
Insensiblement, selon la pente d’une aggravation irréversible, il contracta une allergie sans appel aux simagrées comme aux ronds de jambes. Tandis qu’avec modestie il s’efforçait d’en supporter les conséquences au jour le jour, il devint l’objet d’une réprobation dont la dimension universelle ne pouvait se comparer qu’à la virulence de son allergie.
Il eut un tout petit béguin (sans espoir de voir jamais dépassée l’illumination unique) qui ne répondit pas à sa faiblesse soudaine. Pragmatique en diable, il entama sans délai un traitement drastique : vessies de glace sur les articulations de l’âme, larges applications de crème de lucidité, hygiène des affects et des représentations. Il ne marcherait … Continuer la lecture de Un remède contre le béguin
Mes idées m’appartiennent, j’y reconnais la trace de mes pas, nombre de mes pensées s’enracinant dans la marche ou la course. Mais aussi mes idées me menacent, redoutables entités adverses qui m’offrent si bien au monde que, pour un peu, je m’en irais en fumée ou en poussière.
Il indique sans cesse qu’il fera ou dira, plus tard, ceci ou cela, comme le séducteur de barrière fait des promesses aux belles ou le marchand de lacets émet ses scrogneugneux. Il sautille de joie autour de sa propre image, empêtré dans une humilité qui n’est que de façade. À intervalles réguliers, il claque des … Continuer la lecture de Un professeur au Collège de France (candidat malheureux à l’Académie Française). Une exécration.
La supposée fille de joie, la prostituée, prend notre argent, quelquefois avec élégance, donne son corps parfois assez aimablement. Le politicard (tous méritent désormais ce nom infamant) vit à nos complets dépens, nous méprise et baise sans ménagement.
Je le dis tout net : ceux qui s’écoutent parler, je ne les entends pas.