Cette grande époque

Notre temps est sans doute le premier, dans toute l’histoire, où n’importe qui peut se prendre pour quelqu’un. (L’art contemporain n’a pas manqué d’utiliser, cyniquement, cette merveilleuse nouvelle.) Mais pourquoi cela ? Sans doute, pour vendre. On fait croire aux gens qu’ils sont quelqu’un pour leur vendre quelque chose : un insigne distinctif (le même … Continuer la lecture de Cette grande époque

Gogos, bécassines et tartuffes

Gogos : ils écoutent des prophètes enroués annoncer des lendemains lyriques, se suspendent aux lèvres de fonctionnaires dévoués à plein temps aux hommes et à la planète, prêtent l’oreille à des économistes approximatifs, applaudissent des vedettes généreuses mais pas oublieuses pour autant de leur foyer fiscal. A chacun selon ses besoins ? L’argent des riches … Continuer la lecture de Gogos, bécassines et tartuffes

Jeunes filles

Les avez-vous vues, ces prétendues jeunes filles, croulant sous leurs accessoires, chancelantes sur les hauts talons ? A quinze ans, on pourrait, dans un instant d’inattention, leur en donner cinquante et un. Comme le temps va leur sembler long entre maintenant et la tombe ! Pas un regard autour d’elles, sauf quand, soudain, une sorte … Continuer la lecture de Jeunes filles

Élégie du dix-huit janvier (Un portrait de la femme la plus aimée)

Elle déplorait que les chairs de son ventre et de ses hanches ne fussent plus aussi fermes et tendues qu’elles l’avaient été. Quant à ses jambes, elle jugeait leur forme si infamante qu’elles avaient mérité la prison permanente de ces sortes de pantalons pseudo-militaires qui sont, aujourd’hui, le fin du fin en matière de chic … Continuer la lecture de Élégie du dix-huit janvier (Un portrait de la femme la plus aimée)

Petite incursion dans les arcanes de la psychologie

Tous ceux que j’ai connus qui avaient eu affaire avec la psychologie présentaient les mêmes stigmates assez abominables : contraints d’accorder in extremis une signification, un sens à une errance finalement inepte, absurde et, surtout, ne conduisant à aucune amélioration notable de leur tempérament, caractère, aptitude à la satisfaction, il leur fallait bien affirmer pour jamais … Continuer la lecture de Petite incursion dans les arcanes de la psychologie

Réduire à quia (au silence)

Hier on empêchait de danser en rond ; aujourd’hui, une besogne de salubrité publique serait d’empêcher de parler en boucle (les politiciens, les journalistes, les icônes bavardes de l’écran et des stades ; ces dernières offrent par surcroît, à nos oreilles incrédules, une galerie de parfaits illettrés).

Un préservatif

En tant que lecteur aussi, on peut, on doit parfois utiliser un préservatif. Un exemple entre cent : imaginez quelqu’un qui aime Thomas Bernhard mais qui aime aussi la vie à la campagne (sans nécessité de santé), les réceptions et inaugurations, qui côtoie les politiciens sans éprouver un dégoût irrésistible ni même frémir, qui s’abreuve goulûment  … Continuer la lecture de Un préservatif

Prodige des évidences

L’excellent Jean-François Revel, tant regretté par l’auteur de ces lignes, rappelait que les dictatures ne tombent pas parce qu’on les renverse mais parce qu’elles sont inefficaces. Cette évidence, tant historique que logique, semble avoir échappé à tous nos bons et beaux experts, nos brillants journalistes qui glosent copieusement sur le printemps ( !) des peuples ( !).  … Continuer la lecture de Prodige des évidences

Lettres à une dame en mal de distractions

Vous vivez, semble-t-il, de ce négoce plutôt actuel qui consiste à donner aux administrations défaillantes, comme aux entreprise cauteleuses, la recette des bâtons pour battre leurs employés, prétendument à leur propre bénéfice. Et vous venez de m’élever à une dignité inespérée puisque vous adorez me lire et brûlez de connaître mon esprit. Vous avez fait … Continuer la lecture de Lettres à une dame en mal de distractions

Vision

Je ne vois pas que le mal-voyant ait meilleure vue que l’aveugle. N’en déplaise à la plate cuistrerie contemporaine, les mots ne guérissent pas de tous les maux. Au reste, les mots de notre langue posent l’équivalence des termes cuistre et marmiton, gâte-sauce… ce qui mérite qu’on y regarde à deux fois.