Aveu triste
S’il n’y avait toutes ces cigarettes (et ces rencontres pas si secrètes où tout est rendu pur par le feu doux de l’argent), à qui donnerais-je ma bouche ?
modeste proposition pour venir à bout de l'ignorance
S’il n’y avait toutes ces cigarettes (et ces rencontres pas si secrètes où tout est rendu pur par le feu doux de l’argent), à qui donnerais-je ma bouche ?
Je prends mes repas, depuis plus de vingt ans, dans une gargote dont le plumage (ses dehors) est dissuasif tandis que son ramage (sa cuisine) est princier (digne d’un prince de Sicile). Croyant fermement que le plaisir ne se prête pas au lyrisme, n’étant d’ailleurs pas critique gastronomique (la chère, le vin et les mots, … Continuer la lecture de Une gargote
On peut aimer, ne pas aimer… Notons, cependant, que l’exécration est aujourd’hui un plus sûr chemin vers la notoriété que l’admiration : voyez nos leaders (!), nos dirigeants d’un jour, d’un an, de cinquante ou soixante (lider maximo, satrapes orientaux…).
Oscar Wilde a conçu des paradoxes aussi naturellement qu’un poumon exhale de l’oxygène usé. Véritable champion de la conversation – cet art inhumé sans fleurs ni couronnes – il confia à André Gide : « J’ai mis tout mon génie dans ma vie ; je n’ai mis que mon talent dans mon oeuvre. » Il est un … Continuer la lecture de Apprendre
Il faudrait toujours avoir deux livres sur soi, ne serait-ce que pour pouvoir faire, provisoirement, la gueule à l’un d’entre eux.
La pulsion a remplacé le diable chez les belles dames, chez celles, en tout cas, qui cherchent, une vie durant, à se connaître, sans jamais se comprendre. Le « Connais-toi toi-même » de Socrate n’entretient pas le plus petit rapport avec la psychologie des profondeurs, il appelle seulement à l’humilité : « Ne te prends pas pour un Dieu ». Dans … Continuer la lecture de Le diable puis la pulsion
Les grosses ficelles du journalisme, faites de paresse, de psittacisme, d’émotions insincères et faciles, bousillent les mots, réduisent leur sens à presque rien, les dilapident comme un mauvais chasseur ses cartouches. Ainsi, ne dites plus amalgame, sauf si vous êtes dentiste ; stigmatiser, sauf si vous êtes un adepte du Padre Pio ; déraper, à moins que … Continuer la lecture de Pour l’amour de la langue !
« … le fondamentalisme laïque n’est pas moins dangereux que le fondamentalisme religieux » . Voilà une phrase que je peux faire mienne, moi qui, sans foi et le déplorant, exècre par-dessus tout la religion de ceux qui n’en ont pas (ma définition provisoirement définitive de la laïcité) et la suffisance rengorgée de ces gallinacés de rationalistes. Quant … Continuer la lecture de Laïcité
Les médecins font, paraît-il, de mauvais malades (angoissés, autruches forcenées, ignorants volontaires, etc.). En sachant trop, ils ne veulent rien savoir quand ils sont objets, et non plus sujets… Les malades sont toujours d’impeccables médecins, exigeants, omniscients, juges implacables (le con, le salaud, il n’a pas vu mon cancer, etc.). N’étant, grâce à dieu ou … Continuer la lecture de Médecins et malades
On ne voit le monde clairement qu’à travers des larmes. Ne me demandez pas, dès lors, ce que j’ai aux yeux.
Nous devons (je dois) à Jean-François Louette, professeur à la Sorbonne, subtil critique littéraire, une analyse de la nonchalance dont je n’ai pas encore tiré tout le bénéfice. La disponibilité de tels produits est suffisamment rare dans les magasins de ce temps pour qu’un hommage s’impose. M. Louette distingue trois tonalités de la nonchalance selon … Continuer la lecture de Nonchalance
Par bonheur, la France ne cessera d’éclairer le monde : au moment précis où elle refonde l’école, elle n’hésite pas à démanteler (pour cause, semble-t-il, de corruption) la brigade anti-criminalité d’une grande cité. Ce doit être ce qui s’appelle propager les vertus séculaires de l’exemple dans toutes les directions.
Comment concevoir qu’on puisse dire complètement, tout à fait ou absolument quand oui est sur le bout de chaque langue, prêt à orner n’importe quelle bouche ?
Un écrivain de énième zone, père d’un chanteur de pareille qualité, a eu le front de préfacer un recueil de petites proses de Robert Walser. Pour rendre sensible ce que semblable imposture a d’insupportable, je filerais volontiers cette métaphore : je me vois bien dissertant sur les beautés d’une cathédrale, assis sur mon tas de cailloux. … Continuer la lecture de Marchands du temple
Nous ne savons pas grand chose de la vie, mais la vie, vu comment elle nous traite, ne doit pas en savoir bien long sur nous.