Déontologie administrative

Ceux qui m’ont calomnié et, contre toute attente, nui, n’avaient jamais eu avec moi ne serait-ce que l’ombre de ce qu’on pourrait appeler une bribe de conversation. C’est dire qu’ils étaient savamment informés de qui j’étais, de pourquoi j’agissais. La naïveté qui est mon plus précieux carburant, de même que ma plus intime blessure, ne parviendra jamais à comprendre, encore moins à accepter, comment de vils, d’invraisemblables sycophantes peuvent trouver grâce aux yeux du prince. Le temps résout tout, dit-on (des gens mal informés ou médiocrement roublards vis-à-vis d’eux-mêmes) ; c’est pourtant l’immense Malcolm Lowry qui avait raison : « Time is a fake healer » (« Le temps est un faux guérisseur », de cette espèce qui fleurit et prospère sur la misère des humains.) Mais le temps a au moins cette qualité qui, cette fois, est certifiée sincère : il conduit à une sorte de jet de l’éponge (d’un arbitre inconnu ou mal connu), à un passage dans un néant incertain. La bureaucratie, avatar le plus sordide du prince, a baptisé ce phénomène inéluctable « limite d’âge », « disposition statutaire », « faire valoir ses droits », dans une langue qui n’est qu’un cimetière de détritus mal conditionnés. Je quitterai sans le moindre regret ce monde peuplé principalement de crabes serviles et incultes.

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