Le canard argentin

Le rastaquouère et le danseur de tango argentin ont suffisamment hanté le boulevard parisien et son imaginaire pour que nous accueillions avec enthousiasme un nouveau prodige d’Argentine (mais pas seulement, il gîte aussi au Brésil, au Chili, au Paraguay, en Uruguay – la folie des hommes est même allée jusqu’à déranger ses délicats exploits copulatoires … Continuer la lecture de Le canard argentin

Histoire de fantômes

Un homme seul qui déambule le long d’une rue vide, un dimanche après-midi, fait passer un frisson glacé dans mon dos – c’est qu’il me rappelle le fantôme dont j’occupe, sans espoir d’en sortir, l’ample défroque inhabitée avec, à son sommet arrondi, ces orbites vides qui ne laissent filtrer ni ne reçoivent aucun regard.

L’homme de la vallée perdue

J’ai toujours eu des relations difficiles avec la chair, faites d’un goût fulgurant du péché (vieil héritage) et d’une culpabilité lancinante (même héritage). Le cœur était d’un côté, le corps de l’autre ; l’un était blessé des incohérences, des foucades de l’autre ; le second aspirait sans fin à se réconcilier, à se fondre dans le premier. … Continuer la lecture de L’homme de la vallée perdue

Double culture ou double tradition ?

Alors que la culture personnelle, comme pratique instinctive et cumulative, comme pain quotidien, n’a jamais autant semblé menacée de disparition, on n’entend, de toutes parts, que références à une supposée double culture que détiendraient les citoyens venus (eux ou leurs pères) d’ailleurs. Il y a là un abus de langage. La culture consiste dans la … Continuer la lecture de Double culture ou double tradition ?

Mourir

A en juger par les tartarinades et les lieux communs pondéreux qu’elle inspire, la mort est notre lancinante obsession en même temps que le trou noir (la page blanche) de notre conscience. Qu’on y loge un ultime coït pour rendre les derniers honneurs au tyran Plaisir ou qu’on y prononce des paroles édifiantes pour amadouer … Continuer la lecture de Mourir

L’art peut-il sauver le monde ? (Un sujet de dissertation inepte)

L’art, jusqu’ici, n’a fait qu’interpréter le monde ; pour le sauver, il faudrait le transformer mais n’est-ce pas trop tard et est-ce sa mission ? Je ne le crois pas, son rôle éminent est de rendre le monde supportable (interprétable). Ça suffit bien ; pour le reste, aux hommes de se forger une morale qui puisse se traduire … Continuer la lecture de L’art peut-il sauver le monde ? (Un sujet de dissertation inepte)

Fin de vie ?

L’homme seul vieillissant – Albert Cossery en fut un exemple magnifique, presque héroïque – est condamné à regarder passer la vie aux terrasses de café, au mieux sous les espèces des très belles femmes raréfiées.

Avec les mots, il suffit de savoir qui est le maître

Je voudrais dédier aux politiciens pleins d’eux-mêmes (presque un pléonasme), aux entrepreneurs indélicats (ils sont loin de l’être tous), et à ceux qui se prétendent des travailleurs ou leurs représentants, ce délicieux dialogue : « Lorsque j’emploie un mot, répliqua Humpty Dumpty d’un ton de voix quelque peu dédaigneux, il signifie exactement ce qu’il me plaît qu’il … Continuer la lecture de Avec les mots, il suffit de savoir qui est le maître

Simon Leys sur l’université ou rendre la honte plus honteuse en la publiant (Marx)

Qui m’aura un peu lu ne pourra plus ignorer que je tiens Simon Leys pour un des esprits les plus éclairés de notre temps, un des très rares clercs qui assument, avec l’air de ne pas y toucher, la fonction essentielle de transmission de la culture (écrite, depuis cinq mille ans…). Il y a dans … Continuer la lecture de Simon Leys sur l’université ou rendre la honte plus honteuse en la publiant (Marx)