Portrait du chef de service, pierre angulaire du fatras administratif à la française
Il vous fait passer une convocation (à lui destinée et pour que vous le représentiez) comme on jette une épluchure à un animal peu regardant.
modeste proposition pour venir à bout de l'ignorance
Il vous fait passer une convocation (à lui destinée et pour que vous le représentiez) comme on jette une épluchure à un animal peu regardant.
Le rastaquouère et le danseur de tango argentin ont suffisamment hanté le boulevard parisien et son imaginaire pour que nous accueillions avec enthousiasme un nouveau prodige d’Argentine (mais pas seulement, il gîte aussi au Brésil, au Chili, au Paraguay, en Uruguay – la folie des hommes est même allée jusqu’à déranger ses délicats exploits copulatoires … Continuer la lecture de Le canard argentin
Un homme seul qui déambule le long d’une rue vide, un dimanche après-midi, fait passer un frisson glacé dans mon dos – c’est qu’il me rappelle le fantôme dont j’occupe, sans espoir d’en sortir, l’ample défroque inhabitée avec, à son sommet arrondi, ces orbites vides qui ne laissent filtrer ni ne reçoivent aucun regard.
Un ami marocain m’a dit en me servant un thé à la menthe, et comme il posait la théière : « Je sais que vous êtes gauchiste ». C’était un étrange contre-sens et bien involontaire ; il voulait dire « gaucher ». Je le suis – et ne sais quelle signification accorder à cette rareté relative : dix pour cent des individus … Continuer la lecture de Petit accès de mélancolie
J’écris ces lignes dans un train qui roule vers Marseille. Ce faisant, me revient le souvenir de la première fois, un jour en 2002, que j’aperçus de la fenêtre d’un autre train les grues, dressées comme d’éternels échassiers, au bord des bassins du port de Marseille. Ces grues que j’avais certainement vues des dizaines de … Continuer la lecture de Édouard Peisson à la lumière du jour
J’ai toujours eu des relations difficiles avec la chair, faites d’un goût fulgurant du péché (vieil héritage) et d’une culpabilité lancinante (même héritage). Le cœur était d’un côté, le corps de l’autre ; l’un était blessé des incohérences, des foucades de l’autre ; le second aspirait sans fin à se réconcilier, à se fondre dans le premier. … Continuer la lecture de L’homme de la vallée perdue
Alors que la culture personnelle, comme pratique instinctive et cumulative, comme pain quotidien, n’a jamais autant semblé menacée de disparition, on n’entend, de toutes parts, que références à une supposée double culture que détiendraient les citoyens venus (eux ou leurs pères) d’ailleurs. Il y a là un abus de langage. La culture consiste dans la … Continuer la lecture de Double culture ou double tradition ?
Les (supposées bonnes) histoires de bistrot ne seront donc jamais ma tasse de thé – pas plus que mon verre de vin. L’étymologie d’étymologie n’est tout de même pas rien : elle signifie recherche du vrai. En gros, leur nom serait la dignité et la substance des choses. Cela me va assez bien. Voyons ce qui … Continuer la lecture de Quand l’étymologie a le hoquet
A en juger par les tartarinades et les lieux communs pondéreux qu’elle inspire, la mort est notre lancinante obsession en même temps que le trou noir (la page blanche) de notre conscience. Qu’on y loge un ultime coït pour rendre les derniers honneurs au tyran Plaisir ou qu’on y prononce des paroles édifiantes pour amadouer … Continuer la lecture de Mourir
L’art, jusqu’ici, n’a fait qu’interpréter le monde ; pour le sauver, il faudrait le transformer mais n’est-ce pas trop tard et est-ce sa mission ? Je ne le crois pas, son rôle éminent est de rendre le monde supportable (interprétable). Ça suffit bien ; pour le reste, aux hommes de se forger une morale qui puisse se traduire … Continuer la lecture de L’art peut-il sauver le monde ? (Un sujet de dissertation inepte)
L’homme seul vieillissant – Albert Cossery en fut un exemple magnifique, presque héroïque – est condamné à regarder passer la vie aux terrasses de café, au mieux sous les espèces des très belles femmes raréfiées.
Les lignes qui suivent – c’est assez évident – ne sont pas de moi. M’appartiennent, en revanche, leur rassemblement, leur mise en ordre et la signification qui pourrait, ainsi, s’en dégager. Une sorte de programme bizarroïde, si l’on peut dire. Car si elles (ces lignes) constituent, pour moi, des références, elles traduisent, aussi, des préférences, … Continuer la lecture de Bouquet de première urgence
Je ne peux plus sortir de moi (ma conscience) -, sauf quand je t’aime ; je ne peux rentrer chez moi (mon domicile) sans angoisse -, je voudrais tant qu’il y eût un chez nous.
Je voudrais dédier aux politiciens pleins d’eux-mêmes (presque un pléonasme), aux entrepreneurs indélicats (ils sont loin de l’être tous), et à ceux qui se prétendent des travailleurs ou leurs représentants, ce délicieux dialogue : « Lorsque j’emploie un mot, répliqua Humpty Dumpty d’un ton de voix quelque peu dédaigneux, il signifie exactement ce qu’il me plaît qu’il … Continuer la lecture de Avec les mots, il suffit de savoir qui est le maître
Des sommets de prose Aujourd’hui, certains (certaines) échangent l’espoir de la conquête d’un huit mille contre une mort qui vient très souvent à leur rencontre. En constituant un collier de proses sobres comme autant de perles primitives, nous échangerons notre optimisme et le doux sourire des beaux jours contre des joyaux sombres qui, dans la … Continuer la lecture de Un plaidoyer pour la littérature