Pour solde de tout compte
Mes amis de longue date continuent de me traiter avec les égards dus à un marxiste. Cela ne me déplaît pas d’être dispensé des candeurs de l’idéalisme, qui sont fausses souvent et presque toujours intéressées.
modeste proposition pour venir à bout de l'ignorance
Mes amis de longue date continuent de me traiter avec les égards dus à un marxiste. Cela ne me déplaît pas d’être dispensé des candeurs de l’idéalisme, qui sont fausses souvent et presque toujours intéressées.
En un sens, quiconque sait ce qu’il pense avant d’ouvrir la bouche m’ennuie. Le désir d’écrire doit procéder de cette vieille crainte de ne pas avoir au bout de la langue ce que l’on a en tête. Le roman comme tentative de s’asservir complètement le monde. La littérature – j’entends le besoin d’écrire – est … Continuer la lecture de Langage et pensée
La conscience de ma destination, c’est un douloureux événement et une souffrance désormais trop fréquente. Cela non par crainte de la mort ou timidité en la voyant venir : je lui ai été présenté en même temps qu’au monde. On peut dire de tout homme qu’il se savait malade. Il ne fait pas bon se mettre … Continuer la lecture de Variations sur le trépas
Conseil pour atteindre à la rigueur : ne se servir que des armes dont la maîtrise suppose une conquête ; éviter donc ce à quoi on parvient sans trop de mal : pour moi, le raisonnement et la formule. Haro sur le mot d’esprit, à bas la prédication !
Notre vie politique est très comparable aux jeux du cirque, avec cette différence que nos gladiateurs – très petits bras et cervelles de moineau mâtiné de perroquet – (lorsqu’ils ont réussi à tromper le public par quelques moulinets dérisoires) finissent vautrés dans la tribune d’honneur, aux lieu et place des patriciens.
Les femmes poussent devant elles une sorte d’idéal inimitable, ce en quoi elles ont raison car elles en sont, à l’occasion, magnifiquement porteuses et tort parce que, souvent, elles s’en instituent le comptable sourcilleux. La femme me semble, sous un certain rapport, un leurre, au double sens que ce mot doit avoir pour un poisson … Continuer la lecture de Femmes
L’enfant que j’ai été me fait de la peine ; je me sens porté vers lui comme vers un étranger que la compassion me commanderait d’étreindre mais dont je ne voudrais offenser ni la dignité ni la pudeur.
Je ne veux ni ne peux supputer les intentions de mon prochain comme le médecin scolaire soupesait jadis le scrotum des garçonnets pour s’assurer de la bonne place des gonades.
Au fond, dans mon panthéon, ils ne sont que deux (en un) : le Christ, le Seigneur, celui qui enseignait l’amour des hommes, tout uniment et sans distinction, et son plus petit serviteur, le Curé d’Ars, la risée des intellectuels, des suffisants… « Si tu es en extase et que ton frère ait besoin d’une tisane, quitte … Continuer la lecture de Petit traité de théologie
Le miracle des premiers temps de la passion vient de la cession ouvertement inconditionnelle des puissances du moi. Il y a toujours pourtant un juriste (un notaire) qui fait entendre sa toux restrictive, sous quoi on peut discerner qu’il grommelle : « Cession ? Oui, mais à titre précaire… ».
Certes, le téléphone itinérant sert, de nos jours, à d’innombrables pépiements, verbiages, où la vie n’est plus que la caricature d’elle-même (- « T’es où ? » – « J’arrive ! ») Bien sûr, il est le moyen, très utilisé, désinvolte et veule, de ne pas répondre, un peu comme si on posait une lettre reçue sans en ouvrir l’enveloppe, sur … Continuer la lecture de Téléphonie
Car cette pensée dont je vous fais part, ici, maintenant – ne croyez pas que je vous la livre seulement parce qu’elle est advenue en moi. Dessus je m’appuie, c’est ma béquille ; mais c’est aussi ce avec quoi j’attaque et pique, c’est mon bec, et ce qui me tient dressé sur l’eau, m’entraînant cependant vers … Continuer la lecture de Secret de boutique
Ceux qui, comme témoins, ont connu d’abord le coït sous les espèces de l’illégalité et de l’immoralité, peuvent-ils se satisfaire à si bon compte d’autre chose que d’un coït illégal, immoral ?
Un jeune savant, dans la prime force de l’âge, s’en vint un jour proposer ses talents dans une bourgade qui se fait passer pour une terre de science – comme si la science, à l’instar de la poésie ou de la prose, n’était pas collée à la semelle du créateur. Élevé dans l’orbe d’un prix … Continuer la lecture de Un mort encombrant (qui hante ma mémoire)
L’impudence des politiciens est telle qu’il faudra bientôt les remercier pour l’occasion qu’ils nous donnent de les grassement payer, alors qu’ils nous sont imposés par des instruments de malheur (partis, syndicats), sous le contrôle d’un gouvernement qui s’obstine à s’appeler représentatif quand il n’est autre chose, depuis au moins deux siècles, que l’émanation des intérêts … Continuer la lecture de Science politique