Par-dessus mon épaule

Une belle dame brune – qui pourtant me quittait – m’a dit : « On ne me regardera plus jamais comme ça. » Je lui souhaite de rougir aujourd’hui de sa précipitation apeurée – et d’ouvrir, et de fermer, les yeux sur un regard de même nature. Bien des années après, je peux lui livrer le secret de mon regard : ce n’est pas lui qui lui donnait corps, la faisait exister ; c’est son visage (dont la perte m’aveugle) qui était proprement le pigment, la forme, la lumière de mon regard.

Je vous aimais : l’amour peut-être,
En moi n’est pas encore éteint ;
Mais désormais n’ayez plus crainte ;
En rien ne veux votre chagrin.
Je vous aimais, sans nul espoir,
Caché, jaloux, dans le tourment ;
Je vous aimais, tendre et sincère,
Qu’autant soyez d’un autre aimée

Alexandre Serguéiévich Pouchkine
Je vous aimais (traduction de Philippe Jorrand)

Александр Сергеевич Пушкин
Я вас любил

Я вас любил : любовь еще, быть может,
В душе моей угасла не совсем;
Но пусть она вас больше не тревожит;
Я не хочу печалить вас ничем.
Я вас любил безмолвно, безнадежно,
То робостью, то ревностью томим;
Я вас любил так искренно, так нежно,
Как дай вам бог любимой быть другим.

 

 

Une réflexion sur “Par-dessus mon épaule”

  1. « Je lui souhaite… », le souhait de Pouchkine :

    Я вас любил: любовь еще, быть может,
    В душе моей угасла не совсем;

    Я вас любил так искренно, так нежно,
    Как дай вам бог любимой быть другим.

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