Tant que leur cœur n’a cessé de battre, les politiciens pensent toujours pouvoir rebondir : ce verbe, dans cet emploi, est inepte et impropre, n’ayant aucun rapport avec un ballon ou un adepte du trampoline. Quelques ignorants, propagandistes efficaces à en juger par la contamination, ont même transporté ce verbe haïssable dans les domaines autrefois sacrés de l’argumentation ou de la conversation. « Je rebondis sur ce que vous venez de dire » disent-ils. Pour écarter toute fatalité de l’échec, les politiciens qui se piquent de culture (celle qui colle aux pages du dictionnaire des citations compulsé par quelque collaborateur) aiment à dire : « ce qui ne me tue pas me renforce ». Et les plus hardis ajoutent : « c’est de Nietzsche ». Friedrich Nietzsche (1844-1900) mérite plutôt notre reconnaissance que cet affront. Il est parfois des usages qui sont dégradants, et pour le texte et pour l’auteur.
La citation originale, tirée du Crépuscule des idoles, « Maximes et pointes », est : À L’ÉCOLE DE GUERRE DE LA VIE. – Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort. Le culot n’a plus de limites. Si politique et école (de guerre) de la vie sont synonymes, il convient de tirer l’échelle et d’oublier de voter.