Supplément aux fragments de sagesse tsigane

Ô homme tsigane, je t’ai gardé pour la bonne bouche, la bouche d’ombre. Ombre des cachots, ombre de ta main sur le visage des femmes quand tu la lèves, le gosier suffisamment imbibé d’alcool. Ombre du commerce des chairs qui empoche les billets, toi le bon mari convaincu d’échanger sa protection contre une modeste rétribution, le géniteur inlassable dont je pense, peut-être à tort, qu’il s’accouple souvent, vite, et qu’il n’embrasse pas, ne câline pas… Quant à moi, environné de tes femmes, je t’ai peu vu, toujours dans le lointain mais veillant discrètement sur les romnia, lesquelles sont ton puissant truchement, ton aguichante estafette, ton ambassade chez les gadjé. Ô mâle tsigane, un jour m’est venu cet adjectif pour te qualifier dans ton mystère qui ne recouvre désormais que misère : tu es fuligineux.

 

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