Tous les jours, je brûle (et me consume) d’entretenir autrui de ce qui me passionne ; le plus souvent je m’en garde bien, sinon sous cellophane, si je puis dire par la bande, au moyen d’anecdotes cuisinées vite fait, selon le goût du jour. Le mélange de pudeur, de prudence, de timidité, de lucidité (le sens du ridicule aussi) qui m’inspire, fournit indirectement une illustration subtile et pleine de l’aphorisme de George Bernard Shaw : « Ne fais pas à autrui ce que tu voudrais qu’il te fît car il se peut que vous n’ayez pas les mêmes goûts. » Le savoir sans usage est un cancer, une vie sans culture, rythmée par d’abracadabrants bavardages, est la vie-même des morts-vivants.
Votre délicatesse, Monsieur, vous honore. Je regrette cependant la rareté de nos bavardages sous cellophane depuis quelques mois … vos horaires ne semblent plus être les miens.