Fin de la parole

Quand retentit dans le tram la voix en boîte qui affecte à s’y méprendre l’enjouement, je me retiens à grand peine de lui crier ma haine. C’est que je n’ai pas l’habitude de taper dans le vide.

Mangeurs s’abstenir !

Ceux qui vont dans les restaurants pour y manger n’y ont plus droit de cité. Cette pratique bestiale, manger, a été supplantée par l’en-cas, la cérémonie, le loisir, le m’as-tu-vu… Ainsi, la désinvolture, l’abattage, le tic de la réservation vous accueillent. C’est là le fin du fin, enfin atteint, couronné, de la civilisation.

Anorexie

Je n’ai pas plus d’appétit pour les cuisines du monde que j’en ai pour les musiques du même nom sentencieux et racoleur.

Quadruple zéro

S’il est une chose que je n’aime pas chez le Roumain, c’est son goût immodéré pour la bagnole et ce qui en découle : sa propension à se lancer à la moindre occasion, sur la moindre ligne droite d’une route de campagne, tel un boulet fulgurant, à plus de cent vingt à l’heure… Le nombre des morts en témoigne. … Continuer la lecture de Quadruple zéro

Portrait d’après nature

Une longue baudruche emphatique, un bellâtre svelte, une blanche chevelure bien peignée vers l’arrière, à l’image de ses idées creuses et ronflantes ; l’humanité entière, on veut dire la France minuscule des journalistes payés pour applaudire, ne cesse de se remémorer le tombereau d’idées générales et de bons sentiments qu’il déversa un jour à la … Continuer la lecture de Portrait d’après nature

Monsieur Boucheron marchand de pochettes-surprise

Pascal, qu’on devrait surnommé l’irréfragable, nous a dûment averti : à la science on doit la créance, c’est dire qu’on doit peu à l’opinion ; Spinoza nous avait mis en garde contre les idées fausses, fictives, confuses, contre la connaissance par ouï-dire. Ce distingué professeur, connaisseur confirmé du Moyen-Âge et de la Renaissance en Italie, … Continuer la lecture de Monsieur Boucheron marchand de pochettes-surprise

Place des grands hommes ou l’engeance la plus méprisée

Il n’y a rien de tel que les préjugés anti-tsiganes pour avérer les fausses gloires et les vrais racistes ; d’emblée, je destine à la décharge un couple de détritus, respectivement ancien président et ancien premier ministre de notre triste république qui n’est, bien plutôt, qu’une solitude – pour parler comme Spinoza. Ils ont craché sur les … Continuer la lecture de Place des grands hommes ou l’engeance la plus méprisée

Le dernier homme Réponse du berger d’Otomani au projet de domination universelle (et hors de son ordre) du Rat Muské

Dans un silence de cathédrale, la lourde Tesla conquérante, noire par surcroît, glisse sans ambages sur la pente agreste du coteau radieux. Seul le chuintement de ses pneus, comme une prière chuchotée, fait un contrepoint presque muet au doux pépiement des merles… Soudain entre jusqu’au fond de mes oreilles, le crépitement saccadé des schlittes, si pesantes, … Continuer la lecture de Le dernier homme Réponse du berger d’Otomani au projet de domination universelle (et hors de son ordre) du Rat Muské

Charité n’est pas justice

Au nombre de mes maîtresses beaucoup trop nombreuses, je compte deux paroissiennes de Saint-Sulpice ou Saint-Louis, si l’on veut, dans la fleur épanouie de l’âge, douées d’un esprit pas seulement religieux, dotées de maris affairistes sans scrupules ni vergogne, partant, à l’abri du besoin pour jamais. L’une m’estimait le phénix des intelligences par elle rencontrées ;  l’autre, ayant sondé … Continuer la lecture de Charité n’est pas justice

Travailler

Si je ne devais retenir qu’une chose (et je ne retiens que celle-la) du champion toutes catégories de la gauche ultra et tempérée, ce serait sa définition du travail : travailler c’est entreprendre de penser autre chose que ce qu’on pensait avant. Même si c’est assis sur son derrière, comme tous les scribes, le vénéré … Continuer la lecture de Travailler

Il y a lire et lire

Celles et ceux qui, considérant le livre de leur existence, disent que quand ils tournent la page,  ils la tournent une fois pour toutes, sans appel, ne me semblent pas des lecteurs bien sérieux ni loyaux. Car comment en user ainsi avec soi-même ? Peut-être pignochent-ils, lisent-ils en diagonale mais en tout cas ils ne lisent … Continuer la lecture de Il y a lire et lire