Des combattants de l’ombre, alliant courage et détermination, ont jugé utile voire pertinent d’apposer, le premier avril dernier, un placard sur la porte du bureau qui me tient lieu de placard (dans une autre acception). Le poisson peut revêtir un goût bien impur, n’en déplaise aux cathares, précurseurs (selon nous) des doctrines qui brisent et écrasent l’homme au nom de la pureté. Il s’avérait urgent, semble-t-il, de moquer mon goût réel pour la pédagogie, de dauber aussi sur le peu que j’avais enseigné (et à l’origine duquel ces honnêtes snipers ne sont pas sans savoir qu’ils sont). Eh bien, je leur réserve la primeur d’une réflexion sur la définition minimum (et la plus substantielle possible, dans ces conditions) de la pédagogie. Je me suis creusé la tête (aucune trace visible jusqu’ici – mais sait-on jamais ?) et n’ai rien trouvé de mieux : « Qu’est-ce que peut être la pédagogie, sinon donner envie ? »). Et inutile d’ajouter : de savoir lire, écrire, compter, d’être curieux de tout etc. Donner envie, seulement. Je ne suis pas sûr (c’est une litote) que ces terroristes minables (utilisant l’anonymat du papier pour déshonorer les portes) donnent ou fassent envie. Et puis les placards, en chinois dazibao, rappellent l’ignoble et sanglante révolution soi-disant culturelle (relisez Les Habits neufs du président Mao de Simon Leys). On est les émules de qui on peut ; on a les inspirations qu’on mérite.
J’attends ces messieurs (- dames ?) et suis bien assuré – malheureusement – de ne jamais les apercevoir.