Chez l’épicier, le buraliste (au café, etc.)
Le commerçant aujourd’hui : il faudrait se faire pardonner de lui donner du travail, et tenir compte de son réveil matinal.
modeste proposition pour venir à bout de l'ignorance
Le commerçant aujourd’hui : il faudrait se faire pardonner de lui donner du travail, et tenir compte de son réveil matinal.
Les jours de tristesse, je serais prêt à jurer que plus personne ne fait la différence entre l’esprit et le mauvais esprit. C’est que sont passés par là l’optimisme et l’hédonisme, ces deux coqueluches et calamités de l’époque, qui ont raflé la mise sur le tapis de la pensée.
« Je n’ai besoin de personne ! » Avec de telles illusions on vit longtemps en société. « Tu finiras seul ! » Nous est-il laissé d’autre ambition en cette matière ? Être deux, ne serait-ce pas une formule douloureusement propice à la solitude ? Elle m’a donné envie de n’être plus jamais seul et le sentiment de l’être irrémédiablement.
Je garde le souvenir du temps farouche des pépins dans les mandarines, quand les dents écrasaient la pulpe avec appréhension. Flaques d’eau dans les prés inondés : de grands éclats de miroir atterris dans l’herbe. Nous qui avons des chambres ne rêvons plus de nous y enfermer .
Venu du fond des temps, le chacun pour soi est bien parti pour continuer de régir, de prime abord, le destin des hommes. En France, quand vient le temps de l’action (étatique, forcément étatique), un petit miracle se produit : de toutes parts retentit un « pas sans nous » unanime. Alors s’annonce le passage obligé par les … Continuer la lecture de Démocratie participative
Sur la question de savoir ce qui est vulgaire. Ce cadre qui porte sa fourchette chargée à ses lèvres ; les lèvres qui se tendent, leur mollesse sucrée, ce qu’il y a d’animal, de toute façon, dans les gestes pour se nourrir, ne pourra être ni écarté, ni repoussé. Ce manœuvre qui mange comme on accomplit … Continuer la lecture de Lutte de classe
Je plains ceux qui ne me connaissent que dans les conditions dont ils sont, à leur corps défendant, les créateurs. Ceci valant en premier lieu pour moi-même.
Leur expression favorite, quand ils voulaient indiquer l’état d’avancement d’un dossier qu’ils venaient de transmettre au prochain service, était : « La balle est dans leur camp. » Voilà toute l’importance, la gravité, qu’ils attribuaient à leur fonction ! Pour la définir, il leur fallait recourir au jargon des sports d’agrément, comme si l’action administrative eût été un … Continuer la lecture de Bureaucrates
Je ne suis pas sûr que les « responsables » fassent quelque chose. Ils veillent vraisemblablement à ce que certaines choses s’accomplissent, mais leur rôle me semble surtout consister à faire accepter que les choses ne se fassent pas.
Mes amis de longue date continuent de me traiter avec les égards dus à un marxiste. Cela ne me déplaît pas d’être dispensé des candeurs de l’idéalisme, qui sont fausses souvent et presque toujours intéressées.
En un sens, quiconque sait ce qu’il pense avant d’ouvrir la bouche m’ennuie. Le désir d’écrire doit procéder de cette vieille crainte de ne pas avoir au bout de la langue ce que l’on a en tête. Le roman comme tentative de s’asservir complètement le monde. La littérature – j’entends le besoin d’écrire – est … Continuer la lecture de Langage et pensée
Conseil pour atteindre à la rigueur : ne se servir que des armes dont la maîtrise suppose une conquête ; éviter donc ce à quoi on parvient sans trop de mal : pour moi, le raisonnement et la formule. Haro sur le mot d’esprit, à bas la prédication !
Notre vie politique est très comparable aux jeux du cirque, avec cette différence que nos gladiateurs – très petits bras et cervelles de moineau mâtiné de perroquet – (lorsqu’ils ont réussi à tromper le public par quelques moulinets dérisoires) finissent vautrés dans la tribune d’honneur, aux lieu et place des patriciens.
Les femmes poussent devant elles une sorte d’idéal inimitable, ce en quoi elles ont raison car elles en sont, à l’occasion, magnifiquement porteuses et tort parce que, souvent, elles s’en instituent le comptable sourcilleux. La femme me semble, sous un certain rapport, un leurre, au double sens que ce mot doit avoir pour un poisson … Continuer la lecture de Femmes
L’enfant que j’ai été me fait de la peine ; je me sens porté vers lui comme vers un étranger que la compassion me commanderait d’étreindre mais dont je ne voudrais offenser ni la dignité ni la pudeur.