L’être qu’il m’a été donné d’aimer le plus n’aimait pas une chose à mon sujet et en soutenait une autre mordicus. Il supportait à peine que je déplore – peu souvent et du bout des lèvres – un manque de chance assez patent à mes yeux. Dans le même temps, il proclamait que je pouvais tout, que rien (ni personne ?) ne pouvait me résister. Et il m’a planté là, moi qui gémis encore intérieurement de douleur, dans une nuit larmoyante, planté là, sans doute pour bien m’enseigner qu’on doit croire aveuglément à soi pour tout pouvoir et que, à un certain âge, « on n’a plus le temps de se tromper ». Que dit pourtant l’histoire des hommes si elle ne montre pas qu’on peut se tromper, quoi qu’on fasse ou qu’on veuille, jusqu’à son dernier soupir.