Pascal, qu’on devrait surnommé l’irréfragable, nous a dûment averti : à la science on doit la créance, c’est dire qu’on doit peu à l’opinion ; Spinoza nous avait mis en garde contre les idées fausses, fictives, confuses, contre la connaissance par ouï-dire. Ce distingué professeur, connaisseur confirmé du Moyen-Âge et de la Renaissance en Italie, s’en va, tout auréolé du parfum (désormais un peu douteux) du Collège de France, nous imposant sa vision synoptique sur toute l’histoire, y compris le temps présent. Il semble qu’il n’a pas retenu la leçon cinglante du peintre qui accepta volontiers le point de vue du cordonnier sur sa façon de représenter ce qui habille le pied ; enhardi, le fabricant de sandales se vit bientôt grand couturier et multiplia ses critiques : alors le peintre dut lui intimer : » savetier, pas plus haut que la semelle ! » Dans la pochette-surprise du professeur enhardi, il y a tout sur tout et surtout l’air du temps. Le voilà météorologiste, piétinant, dans la pure allégresse de l’arriviste, le principe impossible à transgresser de l’anachronisme. Nous avons assez d’empoisonneurs : journalistes à gages, intellectuels brûlant de se tenir à l’ombre du Prince, prêts à tout dire, ou rien, pour plaire. Que Monsieur Boucheron garde pour lui ses opinions, qu’il se contente de les répandre auprès de ses amis, qu’il nous laisse en paix, lui et son claque-merde de fausset, sa bouille d’histrion dévoré d’ambition…