Chère madame,
je commence par le plus important… J’espère que votre silence n’était pas dû à ce malheur qui ces jours-ci frappe à l’aveugle, que, donc, il n’a frappé ni vous ni vos proches… Quant à moi, je suis, jusqu’ici, épargné – sauf par la chape de plomb que des dirigeants arrogants, imprévoyants, incompétents, dominateurs, ont fait choir sur nous tous. Mais je ne vous oblige pas à partager ce sentiment. Les gens qui nous dirigent, et qui ne se dirigent même pas eux-mêmes, sont dignes, très malheureusement, des puissantes anticipations de George Orwell. Je ne suis pas sûr qu’ils ne se réjouissent pas de la barre complète qu’ils ont désormais sur nous (je ne crois pas à l’inconscient, ce hochet minable, cher aux intellectuels qui, pour la plupart, se montrent de parfaits collaborateurs des politiciens incultes qui clabaudent et ordonnent au troupeau des citoyens)… Je vous rassure, mais tristement : je fais tous les jours une sortie d’une heure à six à l’heure, dans le strict respect de ce que nos dictateurs édictent. C’est la forme que prend mon profond mépris pour nos dirigeants et ce à l’opposé de bien des hédonistes que je connais, de la classe moyenne et moyenne-supérieure, qui resquillent et se croient malins… Une dernière chose : il n’est pas question que je prenne soin de moi (formule hideuse digne de Big Brother), je fais seulement attention à moi ; c’est d’autrui que je m’efforce de prendre soin, seule voie juste et charitable à mes yeux. Faites donc bien attention à vous. Bien à vous.