« … le fondamentalisme laïque n’est pas moins dangereux que le fondamentalisme religieux » . Voilà une phrase que je peux faire mienne, moi qui, sans foi et le déplorant, exècre par-dessus tout la religion de ceux qui n’en ont pas (ma définition provisoirement définitive de la laïcité) et la suffisance rengorgée de ces gallinacés de rationalistes. Quant à se mettre à genoux pour rester debout, cela m’arrive souvent, lors de ma course du matin, en pensant à L. (Elle !), à la misère du monde (sans oublier la pauvre mienne) ; cela à l’église Saint Ferjus (aux pieds du Curé d’Ars, à ceux de la Vierge) puis à la chapelle de la Vierge Noire. Je crois (mais n’est-ce pas de la complaisance ?) que le vrai courage est, parfois, dans l’aveu de la faiblesse, du chagrin. Mon saint patron s’est interrompu une fois en chaire pour dire qu’il avait le cœur brisé, qu’il pleurait son frère et que rien d’autre, à cet instant, ne lui importait. Prouesse du fort (fidélité chevaleresque à sa parole, son serment), courage du faible ?
« Se mettre à genoux pour rester debout »… se courber devant Dieu (ce Dieu qui est en tout… mais surtout en moi) pour pouvoir rester droite devant l’homme. Garder à l’esprit Sa toute-puissance, pour préserver mon humilité. Humble, j’espère tout de Lui. C’est bien la signification que je donne à la prière, cette prière obligatoire dans l’islam, justement à cause de la faiblesse de l’homme. Car je crois que l’homme n’aurait pas la force d’invoquer Dieu s’il n’y était pas obligé.
Notre très chère sainte Thérèse de Lisieux, Docteur de l’Église, écrivait à l’abbé Bellière : « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit… Je l’aime!… Car il n’est qu’amour et miséricorde »
Les Psaumes nous apprennent à louer l’Éternel comme suit :
« Non pas à nous, Éternel, non pas à nous, Mais à ton nom donne gloire, A cause de ta bonté, à cause de ta fidélité! » (Psaumes, 115:1 ou 113:9 (selon la numérotation de la Vulgate))
Jésus nous informe sur le royaume de Dieu :
« Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit: Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. » (Luc, 17:20)
« On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Luc, 17:21)
Le catéchisme de l’Église nous enseigne :
« Dans la condescendance de sa bonté, Dieu, pour se révéler aux hommes, leur parle en paroles humaines : « En effet, les paroles de Dieu, exprimées en langues humaines, ont pris la ressemblance du langage humain, de même que le Verbe du Père éternel, ayant assumé l’infirmité de notre chair, est devenu semblable aux hommes » (DV 13). »
J’annonce, en tant que Chrétien et alors qu’ « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. » (Jean, 1:1), la Bonne Nouvelle de l’Évangile : « Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » (Jean, 1:14)
Je crois alors que oui, l’homme a la force d’invoquer Dieu sans avoir à y être obligé ; mais parce qu’il reconnaît sa propre faiblesse, face à l’amour de Dieu.
Combien d’hommes reconnaissent-ils leur faiblesse? Peu dans mon entourage. Moi-même, il m’arrive de l’oublier, et de vouloir m’attribuer tous les mérites.
L’obligation dans l’islam, c’est comme un premier pas de Dieu vers l’homme. Il est alors plus facile d’aller vers Lui. Et quand l’homme fait un pas vers Dieu, alors Dieu en fait mille vers l’homme.
« Moi-même, il m’arrive de l’oublier, et de vouloir m’attribuer tous les mérites. ». S’agit-il là d’un système auto-référentiel ? C’est très répandu de nos jours – et avant ? -, malheureusement. Ou peut-être qu’alors ce qui est répandu, c’est d’être maladroit ?
« C’est une maladie attestée (par moi-même) chez certains immigrés, ou enfants d’immigrés, notamment de la seconde génération. » – (En réponse à Double culture ou double tradition le 30 octobre 2012 à 16 h 46 min). Et moi je vous dis que ce n’est pas une maladie ; ce n’est là que l’illusion d’une maladie, érigée au rang de maladie dans le contexte – lequel ? – actuel – qui remonte à ? Vous vous complaisez à vouloir croire que vous êtes atteinte d’une telle maladie.
Ce n’est pas un vide. Au pire, c’est une difficulté.
« L’obligation dans l’islam, c’est comme un premier pas de Dieu vers l’homme. ». Le musulman a peur de son Dieu et – même – il doit avoir peur de son Dieu.
Or, Dieu n’a jamais perdu confiance en l’homme. Il n’a pas besoin de nous obliger à quoi que ce soit. Il n’a pas à faire de premier pas vers nous car Il est déjà au milieu de nous, omniprésent. Nous n’avons qu’à Le voir ; croire. Et à moi de vous renvoyer à ma réponse précédente.
Vous-même vous écrivez :
« « Se mettre à genoux pour rester debout »… se courber devant Dieu (ce Dieu qui est en tout… mais surtout en moi) pour pouvoir rester droite devant l’homme. ».
« (ce Dieu qui est en tout… mais surtout en moi) » ; pourquoi donc Dieu aurait-Il besoin de faire un premier pas vers nous ? Sommes-nous si stupides ? Aveugles ?
Peut-être que vous devriez approfondir cette parenthèse.
Il est encore plus beau que ce que vous pensez. La différence entre l’Islam et le Christianisme est immense – au sujet du dialogue interreligieux, cherchez à connaître quelle a été la réaction du monde musulman – et non pas arabo-musulman – lorsque feu Sa Majesté Hassan II, roi du Maroc, a reçu feu Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II. Ce qui peut mener à une atténuation de cette différence, dans le meilleur des cas, c’est l’éducation ; ce à quoi les Jésuites travaillent parfaitement, voire même trop, parfois, selon le Saint-Siège.
En écrivant cela, le nom de la « secte salafiste » nigérienne Boko Haram me vient à l’esprit. Il signifie, ce nom : « L’éducation occidentale est un péché ».
Visitez le Liban actuel, la différence entre communautés chrétiennes et communautés musulmanes est frappante. Et quand il n’y en a pas, la communauté musulmane s’est « dénaturée » – et pour vous devancer, mais de quel Islam ? -, mais certainement pas la chrétienne.
Dieu nous a donné son Fils pour nous racheter du péché originel ; Il ne nous oblige à rien. Il a confiance en nous. Nous n’avons qu’à suivre le Fils de Dieu. Mais cela vous sera difficilement compréhensible étant donné que votre Livre saint vous enseigne que Jésus n’est pas le Fils de Dieu et qu’il n’est pas mort crucifié, etc.
La différence est réellement immense, mais peut-être que dans le contexte actuel – lequel ? – nous pouvons la faire sembler minime. A l’instar de qui, de quelle religion ?
Pour paraphraser Nanni Moretti dans la Palombella Rossa : Les mots sont importants. Qui parle mal, pense mal et donc vit mal.
Un grand paradoxe, est celui de dire qu’il est temps pour les chrétiens de passer à l’Islam, étant donné que c’est la troisième et dernière des religions révélées. L’Islam – le vrai, lequel ? – est une impasse pour l’esprit. L’étude du Soufisme, dont certains détruisent les symboles – parmi lesquels les mausolées dédiés au culte des saints, rejeté par le Sunnisme – aujourd’hui, vous le fera bien comprendre.
La vérité n’est pas une alternative simple à un nécessaire approfondissement. Vous n’allez, vous-même, pas jusqu’au fond des choses – de votre pensée ?
Dieu nous aime, et pour nous Il a donné son Fils.
Je ne dénigrais pas le christianisme, au contraire de vous, qui avez-semble-t-il- besoin de penser votre religion contre la mienne. Bien au contraire, je pense que nous avons beaucoup de points communs. Le musulman ne doit pas craindre son Dieu, mais l’aimer. Ceux qui le craignent et disent à leurs enfants de le craindre n’ont pas plus compris que vous le sens de l’islam. « Dieu est Tendre est Miséricordieux »… Comment pourrais-je fonder ma religion sur la peur, quand c’est cette phrase qui rythme mes prières et mes actions.
Nos religions sont semblables mais différentes. Cela ne m’empêche pas de respecter la vôtre, et je ne cherche pas a vous convaincre d’adopter la mienne.
« Je n’adorerai pas ce que vous adorez
Non plus que vous n’êtes adorateurs de ce que j’adore
Ni moi adorateur de ce que vous aurez adoré
Ni vous adorateurs de ce que j’adore
À vous votre religion, la mienne à moi » (sourate CIX, verset6).
Par ailleurs, au sujet de la double culture. Quand je parlais de maladie, je ne parlais pas de moi. Car je ne me sens pas détentrice d’une double culture, mais d’une culture, mixte, hybride, mais une, harmonieuse et nouvelle. Je pensais plutôt à des membres de ma famille, chez lesquels j’ai pu observer, dès mon enfance, une sorte de comportement schizophrène, dans la mesure où ils s’adaptent aux façons de faire, penser, ressentir, occidentales à l’extérieur du foyer, mais conservent leur culture originelle dans le cadre familial. Leur peur constante de perdre cette dernière leur fait obstacle à trouver une harmonie entre ces deux cultures.
Enfin, je préfère arrêter là le débat, car il est manifeste que votre visée n’est pas de débattre mais de m’attaquer.
Il est vrai que, malheureusement, l’éveil de la foi chez certains se fait en fonction de la foi des autres… Mais ce n’est pas mon cas, du moins j’ose l’espérer ! (Sur ce point, je vous cite : « Leur peur constante de perdre cette dernière leur fait obstacle à trouver une harmonie entre ces deux cultures. » ; et quel éveil ! De leur « culture originelle » !)
Je ne vous attaque pas ; tout a été amorcé par cette phrase : « Car je crois que l’homme n’aurait pas la force d’invoquer Dieu s’il n’y était pas obligé. »
C’est affreux ! Réducteur !
Que Dieu nous ait donné son Fils, en revanche, n’est pas réducteur, au contraire. Et combien de fois ai-je pu entendre dans la bouche de musulmans ceci : « Le fils de Dieu ne peut pas mourir. Dieu est Grand ! » ?
Dieu ne se révèle pas sous la forme d’une obligation – et c’est ce que vous dites.
Dans le Christianisme, par exemple – ? -, Il se révèle sous la forme d’un Père, d’un Fils et du Saint-Esprit : la Très Sainte Trinité ; si difficilement compréhensible pour les musulmans.
Bref, comme qui dirait – ? -, respectons votre préférence.
Surtout qu’un tel comportement – le mien – est passible de prison – voire pire ? – dans de nombreux pays musulmans. Respectons la paix social ! Comme au Maroc, interdisons l’accès des mosquées (si ce n’est la très belle Mosquée Hassan II) aux non-musulmans !
Faisons mine de respect mutuel, parce qu’il ne semble pas déjà exister… je me meurs d’entendre et entendre et entendre ça à longueur de journée ! Dieu est au milieu de nous ! Le Verbe s’est fait Chair.
Mais non, l’ambiguïté persiste et demeure. A nous est la faute, non pas à l’autre. A moins qu’il n’y ait pas de confiance ?