Charité n’est pas justice

Au nombre de mes maîtresses beaucoup trop nombreuses, je compte deux paroissiennes de Saint-Sulpice ou Saint-Louis, si l’on veut, dans la fleur épanouie de l’âge, douées d’un esprit pas seulement religieux, dotées de maris affairistes sans scrupules ni vergogne, partant, à l’abri du besoin pour jamais. L’une m’estimait le phénix des intelligences par elle rencontrées ;  l’autre, ayant sondé mon cœur, y avait trouvé un métal très pur et très précieux. Elles se sont données, m’ont donné leurs beaux corps et prodigué de douces paroles. Aurais-je donné mon consentement si j’avais su que je finirais comme un mouchoir en papier usagé, quoique d’une texture luxueuse ? Question dénuée de sens.

Elles m’ont célébré comme un hôtelier accueillant, discret, peu regardant sur les antécédents d’état civil, proposant des mets spirituels plutôt convenables. Elles se sont distraites, diverties, se sont pour ainsi dire offert des vacances ; c’est un passe-temps très couru et parfaitement licite (hallal). Mais tout à une fin – surtout les vacances. La plus diserte d’entre elles a ainsi rédigé mon acte de licenciement : « Avec mon mari c’est simple, avec vous c’est compliqué. » Elle rendait par là un hommage tonitruant au creux lexique psittacin d’une époque sans décence. Comme le faisait dire à l’un de ses cyniques héros cet officier d’artillerie qui fut quelque peu grenoblois : « On s’ennuie de tout, mon Ange…« 
Tel fut mon sort, mon épitaphe.

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