Dérobé dans un poème de Margaret Atwood
On ne voit le monde clairement qu’à travers des larmes. Ne me demandez pas, dès lors, ce que j’ai aux yeux.
modeste proposition pour venir à bout de l'ignorance
On ne voit le monde clairement qu’à travers des larmes. Ne me demandez pas, dès lors, ce que j’ai aux yeux.
Nous devons (je dois) à Jean-François Louette, professeur à la Sorbonne, subtil critique littéraire, une analyse de la nonchalance dont je n’ai pas encore tiré tout le bénéfice. La disponibilité de tels produits est suffisamment rare dans les magasins de ce temps pour qu’un hommage s’impose. M. Louette distingue trois tonalités de la nonchalance selon … Continuer la lecture de Nonchalance
Par bonheur, la France ne cessera d’éclairer le monde : au moment précis où elle refonde l’école, elle n’hésite pas à démanteler (pour cause, semble-t-il, de corruption) la brigade anti-criminalité d’une grande cité. Ce doit être ce qui s’appelle propager les vertus séculaires de l’exemple dans toutes les directions.
Comment concevoir qu’on puisse dire complètement, tout à fait ou absolument quand oui est sur le bout de chaque langue, prêt à orner n’importe quelle bouche ?
Un écrivain de énième zone, père d’un chanteur de pareille qualité, a eu le front de préfacer un recueil de petites proses de Robert Walser. Pour rendre sensible ce que semblable imposture a d’insupportable, je filerais volontiers cette métaphore : je me vois bien dissertant sur les beautés d’une cathédrale, assis sur mon tas de cailloux. … Continuer la lecture de Marchands du temple
Nous ne savons pas grand chose de la vie, mais la vie, vu comment elle nous traite, ne doit pas en savoir bien long sur nous.
Parmi les nombreux titres de gloire de Frédéric Nietzsche (1844-1900), il y a cette intuition, largement relayée par l’analyse, que les matières apparemment les plus éthérées, notamment les idées, relèvent de facteurs « objectifs » propres à façonner la subjectivité : langue, climat, éducation, goûts, habitudes alimentaires . Il dit quelque part qu’on peut réfuter tous les systèmes mais … Continuer la lecture de Mettre sa vie sur la table
Nous sommes en porte-à-faux vis-à-vis de nos fruits braillards. Semblables à tous ? Mais alors pourquoi cette dévotion ?
Ce qu’ils appellent s’intéresser à autre chose qu’à son travail : prendre quand il se peut un repos indolent et vide qui a un avant-goût de mort, ou bien errer sans trêve dans le labyrinthe des marchandises.
Une femme – catin ou femme estimable ? -, voulant se débarrasser d’un amant, lui dit : « Tu as correspondu à une période de vide dans ma vie. » La déclaration (qui ne m’était pas destinée) s’est gravée, une fois pour toutes, dans ma mémoire. Elle a un mérite éclatant : elle est claire comme un trou noir.
L’homme de notre temps mange du patrimoine une fois l’an avec la nonchalance d’autres espèces qui, par exemple, mangent de l’herbe. Au moins ces dernières ont-elles l’excuse sublime d’en avoir un besoin quotidien, de se livrer à leur manducation dans une intimité aérée et chaque individu pour son propre compte. Les vaches montrent par leur … Continuer la lecture de Le patrimoine en une journée
De même que l’indice de masse corporelle est une donnée qui renseigne passablement sur l’état physiologique d’un individu, de même, il suffit d’ouvrir les pages du dictionnaire pour apprendre l’usage qu’on peut faire d’un mot. C’est simple : autant enseigner est presque une gageure, autant, quand on ne sait pas, il n’y a qu’une chose à … Continuer la lecture de Juges de paix
Aujourd’hui, on dit : « Je suis dans l’incompréhension » au lieu de « Je ne comprends pas » et : « Je suis dans le désir » à la place de « Je désire ». Un premier ministre qui agit est plutôt, et avantageusement, dans l’action. Pour moi, c’est la langue qui est dans un sacré pétrin. Puisque nous y sommes, sur ce même … Continuer la lecture de Dans
Pourquoi je ne peux (bien) travailler qu’à ciel ouvert, et entouré d’inconnus, de préférence à la terrasse d’un café ? Sans doute parce que les voix de ma vie intérieure me terrifient.
Ma bibliothèque et moi en sommes au corps à corps. Qui cédera, d’elle qui se régente sagement par l’ordre alphabétique, ou de moi, visage bientôt enfoui dans le doux vallon livide des feuillets ?