Pessimisme du loisir
Ce qu’ils appellent s’intéresser à autre chose qu’à son travail : prendre quand il se peut un repos indolent et vide qui a un avant-goût de mort, ou bien errer sans trêve dans le labyrinthe des marchandises.
modeste proposition pour venir à bout de l'ignorance
Ce qu’ils appellent s’intéresser à autre chose qu’à son travail : prendre quand il se peut un repos indolent et vide qui a un avant-goût de mort, ou bien errer sans trêve dans le labyrinthe des marchandises.
Une femme – catin ou femme estimable ? -, voulant se débarrasser d’un amant, lui dit : « Tu as correspondu à une période de vide dans ma vie. » La déclaration (qui ne m’était pas destinée) s’est gravée, une fois pour toutes, dans ma mémoire. Elle a un mérite éclatant : elle est claire comme un trou noir.
L’homme de notre temps mange du patrimoine une fois l’an avec la nonchalance d’autres espèces qui, par exemple, mangent de l’herbe. Au moins ces dernières ont-elles l’excuse sublime d’en avoir un besoin quotidien, de se livrer à leur manducation dans une intimité aérée et chaque individu pour son propre compte. Les vaches montrent par leur … Continuer la lecture de Le patrimoine en une journée
De même que l’indice de masse corporelle est une donnée qui renseigne passablement sur l’état physiologique d’un individu, de même, il suffit d’ouvrir les pages du dictionnaire pour apprendre l’usage qu’on peut faire d’un mot. C’est simple : autant enseigner est presque une gageure, autant, quand on ne sait pas, il n’y a qu’une chose à … Continuer la lecture de Juges de paix
Aujourd’hui, on dit : « Je suis dans l’incompréhension » au lieu de « Je ne comprends pas » et : « Je suis dans le désir » à la place de « Je désire ». Un premier ministre qui agit est plutôt, et avantageusement, dans l’action. Pour moi, c’est la langue qui est dans un sacré pétrin. Puisque nous y sommes, sur ce même … Continuer la lecture de Dans
Pourquoi je ne peux (bien) travailler qu’à ciel ouvert, et entouré d’inconnus, de préférence à la terrasse d’un café ? Sans doute parce que les voix de ma vie intérieure me terrifient.
Ma bibliothèque et moi en sommes au corps à corps. Qui cédera, d’elle qui se régente sagement par l’ordre alphabétique, ou de moi, visage bientôt enfoui dans le doux vallon livide des feuillets ?
Ces cadavres d’alpinistes conservés et laminés par les glaciers : ce sont des plis qu’une poste glaciale délivre aux confins de son réseau avec plusieurs années de retard.
Avoir de l’entregent, c’est avoir de l’entrejambe au point d’y accueillir tous ceux qui veulent venir s’y loger, en affectant d’en être fort satisfait.
Il n’est peut-être pas impertinent de tirer avantage du coma hédoniste de l’auguste mois d’août pour préciser ceci : je ne poursuis d’autre but, en traçant ces lignes, que de dire ce que je dis exactement comme je le dis.
Si ce n’est pas pour la retrouver, dispense-moi de l’au-delà.
Quand tu me donnais ta bouche, que je la fouillais, la fouissais, c’était pour l’agrandir aux dimensions d’une unité et d’un bonheur qui eussent été nous.
Difficile d’admettre qu’elle se fasse une sorte de fierté d’être incapable de se laisser aimer, quand un si grand nombre dépérit si horriblement d’être incapable d’inspirer de l’amour ou de garder l’amour inspiré. Il n’est pas exclu que, dans son cœur, mon seul vrai rival n’ait été qu’elle-même. « Moi n’intéresse pas moi. » Chaval … Continuer la lecture de Porte étroite de l’ego
Dans les premiers jours de notre rencontre éblouissante, quand je pensais à toi ou te regardais, je te faisais cet aveu silencieux : « Vous me manquez, comme manque à ma vie un sens clair, possible, quotidien. »
Si tu me donnais une goutte d’eau de temps à autre, je crois que je serais capable d’étancher ma soif pendant des siècles.