Un serviteur congédié

Deux compliments terriblement complémentaires furent adressés au serviteur public que j’avais choisi d’être par vocation : – « Avec lui, on est toujours sûr qu’il dira ce qu’il pense. » (La noble carrière de courtisan, si répandue, m’aura ainsi été évitée.) – « Il a le don de mettre le doigt où ça fait mal. » (Le doigt, je l’ai, par principe, retourné au préalable contre moi.) Par suite, les dossiers sensibles et autres affaires urgentes se sont enfuis à tire d’aile vers le ciel idéal du dévouement au bien commun. On ne me demanda plus rien. Je ne dis rien des outrages que ma réputation dut souffrir. Il est à craindre qu’un effort véritable ou sincère vers la vertu soit considéré de nos jours, jours d’appétits, de colères et de ruses, comme une faute de goût voire comme une tentative d’intimidation.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *