Il indique sans cesse qu’il fera ou dira, plus tard, ceci ou cela, comme le séducteur de barrière fait des promesses aux belles ou le marchand de lacets émet ses scrogneugneux.
Il sautille de joie autour de sa propre image, empêtré dans une humilité qui n’est que de façade.
À intervalles réguliers, il claque des lèvres comme s’il savourait sa propre diction. Il aligne les synonymes pour nous faire goûter l’étendue de son vocabulaire ; ses périphrases n’en finissent pas.
L’homme s’épate lui-même ; il est rien moins qu’épatant.
Une érudition tatillonne, radoteuse, répétitive.
Enfileur de mouches, il corrige sa copie en public, dissimulé derrière son ineffaçable sourire mièvre, mignard, à la franchise comparable seulement à celle de l’âne qui recule.
Ses allusions érotiques sont de la nauséabonde pornographie, justement parce qu’il affecte tant d’être pudique.
Il semble aimer tout le monde, faute d’aimer, vraisemblablement, qui que ce soit hors sa propre effigie pathétique, coiffée à la Bressant.
Que le Narcisse piètre se rassure : il finira sous la coupole, aidant à parachever le jugement qu’on peut porter sur la coupole.