Le sol des villes n’a plus aucun égard pour le pied du promeneur – entre goût exécrable des revêtements et rugosités de toute nature : ce qu’ils appellent (pour le plaisir du paradoxe ?) piétonisation. Pendant trente années dites de gloire, il avait l’excuse de n’être qu’un chantier, lequel a dissimulé ce qui se tramait nécessairement : le travail discret de la champignonnière à ghettos, par quoi la cause est désormais entendue. Les édiles, au moyen de deux ou trois abstractions erronées, en pleine méconnaissance des conditions d’existence autres que la leur (celle de tout petits oligarques dans un peu de coton), ont favorisé le découpage, avec l’assentiment obligé des possédants (seuls capables de les aider financièrement à faire main basse sur le bulletin de vote des malins ou des abusés qui y croient encore), ont procédé à la partition du territoire entre centre ancien très cossu, lieu réputé festif par excellence, vastes banlieues arborées aux propriétés ceintes de vieux murs, qui seront bientôt gardées manu militari… et tristes concentrations humaines coincées entre grandes voies de circulation et dépotoirs collectifs. Quant à ceux qui auront les moyens de se voir mourir longtemps, ils trouveront place dans des établissements permanents d’habitation dirigée.