De la littérature de caniveau et de l’indignité des fauteuils

J’aime à chambrer un jeune bourgeois vieillissant décavé, lequel tient en tout temps à la main, et jamais le même, un livre des éditions Fleuve Noir (années cinquante) qu’il considère chaque fois, sans exception aucune, comme un chef-d’œuvre.  Dès lors, je l’estime la plus haute autorité en matière de littérature de caniveau. Mais à bien y penser, mon ironie n’a pas lieu d’être. L’absolue coqueluche des dames (ces nouvelles saintes et martyres et juges ultimes en toutes matières), une polygraphe belge, je devrais dire une incontinente de salon, vient de publier son trente et unième chef-d’œuvre (et en tient trois cents en réserve) qui ne vaut pas plus, et peut-être moins, que la littérature alimentaire d’époque chez Fleuve Noir. D’autre part, pour son mérite de marchande de papier, cette dame assoit son popotin sur le fauteuil naguère occupé par l’admirable Pierre Ryckmans.  Je préfère toujours un Belge, un Suisse, un Canadien à un Français, cette engeance dont j’ai si piètre opinion qu’elle confine avec le mépris. Mais là, dans le cas de cette cuisinière de fast food, il y a de l’abus ! Elle, après Lui ! Indignité des fauteuils.

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