Qui ne le sait, à part les idiots : la bêtise est la chose du monde la mieux partagée, du haut en bas de l’édifice social. La bêtise est toujours méchante, agressive, revancharde – méchante, car c’est comme si ces deux-là, bêtise et méchanceté, marchaient main dans la main… À toute force, elles entendent qu’on pense comme elles, quel qu’en soit le prix… Mais il ne faut pas leur en vouloir ; ce serait pour rien, en pure perte. Elles ne sont que pur accomplissement de la nécessité ; on est bête, donc méchant, comme l’eau coule ou les objets tombent, comme le merle ou l’écureuil fait son nid. De plus, comme en passant, il faut ajouter que lorsque la grande beauté est jointe à une dose même discrète de bêtise, on obtient la sorte de méchanceté la plus redoutable. Ainsi, quand la bêtise fait son lit, elle se couche sur le brasier, toujours nourri, à perpétuité, de la méchanceté.