Médecins et malades

Les médecins font, paraît-il, de mauvais malades (angoissés, autruches forcenées, ignorants volontaires, etc.). En sachant trop, ils ne veulent rien savoir quand ils sont objets, et non plus sujets… Les malades sont toujours d’impeccables médecins, exigeants, omniscients, juges implacables (le con, le salaud, il n’a pas vu mon cancer, etc.). N’étant, grâce à dieu ou … Continuer la lecture de Médecins et malades

Nonchalance

Nous devons (je dois) à Jean-François Louette, professeur à la Sorbonne, subtil critique littéraire, une analyse de la nonchalance dont je n’ai pas encore tiré tout le bénéfice. La disponibilité de tels produits est suffisamment rare dans les magasins de ce temps pour qu’un hommage s’impose. M. Louette distingue trois tonalités de la nonchalance selon … Continuer la lecture de Nonchalance

Vertu de l’exemple

Par bonheur, la France ne cessera d’éclairer le monde : au moment précis où elle refonde l’école, elle n’hésite pas à démanteler (pour cause, semble-t-il, de corruption) la brigade anti-criminalité d’une grande cité. Ce doit être ce qui s’appelle propager les vertus séculaires de l’exemple dans toutes les directions.

Marchands du temple

Un écrivain de énième zone, père d’un chanteur de pareille qualité, a eu le front de préfacer un recueil de petites proses de Robert Walser. Pour rendre sensible ce que semblable imposture a d’insupportable, je filerais volontiers cette métaphore : je me vois bien dissertant sur les beautés d’une cathédrale, assis sur mon tas de cailloux. … Continuer la lecture de Marchands du temple

Mettre sa vie sur la table

Parmi les nombreux titres de gloire de Frédéric Nietzsche (1844-1900), il y a cette intuition, largement relayée par l’analyse, que les matières apparemment les plus éthérées, notamment les idées, relèvent de facteurs « objectifs » propres à façonner la subjectivité : langue, climat, éducation, goûts, habitudes alimentaires . Il dit quelque part qu’on peut réfuter tous les systèmes mais … Continuer la lecture de Mettre sa vie sur la table

Pessimisme du loisir

Ce qu’ils appellent s’intéresser à autre chose qu’à son travail : prendre quand il se peut un repos indolent et vide qui a un avant-goût de mort, ou bien errer sans trêve dans le labyrinthe des marchandises.

Une déclaration

Une femme – catin ou femme estimable ? -, voulant se débarrasser d’un amant, lui dit : « Tu as correspondu à une période de vide dans ma vie. » La déclaration (qui ne m’était pas destinée) s’est gravée, une fois pour toutes, dans ma mémoire. Elle a un mérite éclatant : elle est claire comme un trou noir.

Juges de paix

De même que l’indice de masse corporelle est une donnée qui renseigne passablement sur l’état physiologique d’un individu, de même, il suffit d’ouvrir les pages du dictionnaire pour apprendre l’usage qu’on peut faire d’un mot. C’est simple : autant enseigner est presque une gageure, autant, quand on ne sait pas, il n’y a qu’une chose à … Continuer la lecture de Juges de paix

Dans

Aujourd’hui, on dit : « Je suis dans l’incompréhension » au lieu de « Je ne comprends pas » et : « Je suis dans le désir » à la place de « Je désire ». Un premier ministre qui agit est plutôt, et avantageusement, dans l’action. Pour moi, c’est la langue qui est dans un sacré pétrin. Puisque nous y sommes, sur ce même … Continuer la lecture de Dans

Plein air

Pourquoi je ne peux (bien) travailler qu’à ciel ouvert, et entouré d’inconnus, de préférence à la terrasse d’un café ? Sans doute parce que les voix de ma vie intérieure me terrifient.