Les grosses ficelles du journalisme, faites de paresse, de psittacisme, d’émotions insincères et faciles, bousillent les mots, réduisent leur sens à presque rien, les dilapident comme un mauvais chasseur ses cartouches. Ainsi, ne dites plus amalgame, sauf si vous êtes dentiste ; stigmatiser, sauf si vous êtes un adepte du Padre Pio ; déraper, à moins que la route ne soit glissante. Pareillement, évitez de dire ou écrire printemps arabe ; attendez l’hirondelle en sachant que sa venue peut ne pas suffire. Et, si vous fréquentez ce qui reste de bars ou de petits salons déchus, ne dites plus ça me gave, sauf si vous êtes une oie et que tel est votre destin.
Addendum : « Vous qui m’avez honoré de votre attention, qui m’avez dit être interpellée par telle de mes maigres tentatives, sachez que la terrible, mais si nécessaire, besogne de police n’est pas de mon ressort. Si je pouvais jamais servir à quelque chose, je voudrais que ce fût, avec d’autres, à restituer à la langue sa fonction sublime de plus belle enveloppe spirituelle de l’âme humaine, cette pierre (précieuse) noircie. Les journaux, les médias sont devenus des Kaaba bien indignes. »