Vous le peuple innombrable des voitures, pour qui le transport en commun est une notion sociologique (et naturellement progressiste), que savez-vous de ce qu’on y trouve et de qui s’y trouve, de préférence sans titre, vociférant, les pieds, je veux dire les semelles, sur les sièges. La vocifération n’est pas une invention d’acariâtre puisque tout un chacun s’équipe d’étranges prothèses permettant de s’injecter toujours plus de bruit dans les oreilles pour rompre avec le chaos du dehors. Bénéfice secondaire : autrui est rayé de la carte. Je sens monter la colère du lecteur, l’ire de celui qui n’a pas l’alcool pour excuse de son incompréhension. Pour éclairer ce qui précède, imaginez ( votre journal quotidien vous y aidera) quelques « réfugiés » avec de nombreux enfants qui se déplacent en tout temps sans billet. Non contents de bénéficier de ce communisme incarné (pour une minorité), ils pourrissent l’atmosphère – à tous égards. Cela ne tient certainement pas à leur qualité d’êtres humains mais bien plutôt à leur comportement, par exemple à la sauvagerie de rejetons que leurs parents n’hésitent pas à précipiter dans le dégradant métier de la mendicité ou du chapardage. Autour de ces gens d’ailleurs, une marée étale d’indifférents armés de leurs bouchons d’oreilles distillateurs de musique. Quelques amis du genre humain – je peux, à l’occasion, ne pas m’en distinguer -, oreilles grandes ouvertes, regardent cela. Autant de curés d’Ars ou de saints Vincent de Paul qui seraient vite noyés dans l’immensité de la misère si la chaleur de leur foyer ne les attiraient finalement comme la lampe le papillon. Que faire ? Expulser, accueillir, s’en remettre à l’État, ce monstre froid, qui n’est jamais que la somme des contributions des citoyens … qui contribuent.
Vous les généreux, bien calfeutrés dans vos tombeaux de métal, et de pierre, vous les vacanciers sans répit, les voyageurs curieux des paysages (surtout) et de l’autre (qu’est-ce que c’est que cette bestiole ?), écoutez ceci : de même que les idées générales n’attrapent rien de ce qu’on nomme un peu vite la réalité, de même les bons sentiments ne servent à rien ni à personne. Sans ambages je vous le dis, vos grandes vertus me font rire jaune et me dégoûtent un peu.