ll y a très exactement une semaine, vers vingt heures, je vis, par les larges parois vitrées du hall d’entrée d’un cinéma, se précipiter pour prendre un billet, un couple de bourgeois cossus étonnamment semblables par l’apparence : allure, vêtements, grain de peau… À n’en pas douter, ils étaient mari et femme quand bien même les salles obscures sont, de toute éternité, plutôt les lieux de frôlements illicites. La femme suivait le mari, comme il est indiqué dans les textes anciens, n’en rêvant pas moins nonobstant, tandis que l’homme, carte bancaire en main, dialoguait avec un robot pour obtenir les précieux coupons… L’homme sortait, c’est une certitude, d’une très grande école, et la femme avait fait des études dites supérieures. Obéissaient-ils par ennui à cette réclame retorse de l’industrie de la distraction qui claironne au rebours de toute évidence : « quand on aime la vie, on va au cinéma… » ? Mais dialoguer avec un robot, c’est payer un peu cher le goût de la vie, non ?