La langue, l’organe et ses dépendances sémantiques, m’a valu mes plus beaux succès comme mes revers les plus cuisants ; ces derniers toujours assurés de durer davantage… En ces temps proclamés de courtoisie et de bienveillance qui ne sont, de fait, que cruauté et muflerie, il ne fait pas bon manier la pique avec aisance. Même parmi mes proches les mieux intentionnés, il n’est pas rare qu’on juge mes propos un peu excessifs. Je confesse que l’objection me touche, pour cette seule raison qu’elle m’apparaît mondaine, sans portée substantielle, que j’attends (et pense mériter) mieux en matière de critique. Alors, longuement médité, mon coup de pied de l’âne aux tenants de la mesure est ce qui suit. Que dites-vous, belles âmes, de l’insatiable cupidité des politiciens, du service public à leur botte, drapé dans son arrogance, sa piètre compétence, son peu de dévouement ; – plus grave encore, que dites-vous des conditions de vie abjectes qui sont faites aux plus pauvres ? Rien, ou bien peu de chose (avec moi le moindre propos ne tombe jamais dans l’oreille d’un sourd). C’est que vous avez l’estomac trop bien accroché ! Il y a toute sorte d’excès.