Confit dans une infrangible satisfaction de soi, le publicitaire, autrement dit le communicant, excède mille fois par jour les limites du bon goût (de la décence) ou du sens commun. Dernière attestation en date : un marchand de je ne sais quoi nous enseigne que la vie est un terrain de jeu (autrement dit une cour de récréation), dans une langue dont le succès planétaire a signé, d’assez longue date, l’entrée en agonie. Louis Néel, prix Nobel de physique, entrepreneur et assez bon savant, disait quant à lui qu’on n’était pas sur terre pour s’amuser. Nos ancêtres en savaient un peu quelque chose qui étaient affrontés à la nécessité permanente de se nourrir comme de se reproduire. Pauvres marchands de soupe, d’amour, de lacets, de loisirs… et vous prostitués en costume qui les aidez à la vente ! C’est certainement trop d’optimisme que de souhaiter qu’un jour votre passage sur terre ne soit plus qu’un mauvais souvenir.
Le même Néel qui, en 1961, ayant entendu ma requête pour changer l’orientation de mes études dans l’institut qu’il dirigeait alors, m’avait répondu « Mais bien sûr, il faut faire ce qu’il vous plaît ». S’amuser, peut-être pas, mais y trouver du plaisir, certainement.