Venu du fond des temps, le chacun pour soi est bien parti pour continuer de régir, de prime abord, le destin des hommes. En France, quand vient le temps de l’action (étatique, forcément étatique), un petit miracle se produit : de toutes parts retentit un « pas sans nous » unanime. Alors s’annonce le passage obligé par les conseils, les commissions…, où éclosent les boulets, les voyeurs, les porteurs de chandelle, les mouches du coche, les opposants. En présence du résultat de tels conciliabules, les prétendants à la participation sont beaucoup moins vaillants, la parade s’impose d’elle-même : « C’est pas nous ! » Traduisez : « Nous n’y sommes pour rien. » Quand on s’y met à plusieurs, c’est comme si personne ne s’y était mis… On est plus intelligent à deux qu’à trois, à trois qu’à quatre, une fois posé que ce rapport est valide à intelligences constantes ou égales. Seule une perruche enivrée par sa propre image peut se convaincre du contraire en contemplant la masse de ses soutiens d’un jour, un soir d’élection sans lendemain.