Les (supposées bonnes) histoires de bistrot ne seront donc jamais ma tasse de thé – pas plus que mon verre de vin. L’étymologie d’étymologie n’est tout de même pas rien : elle signifie recherche du vrai. En gros, leur nom serait la dignité et la substance des choses. Cela me va assez bien. Voyons ce qui peut être dit, entre deux libations chez le limonadier, de l’origine de l’abréviation américaine O.K. Le point de départ serait une soudaine crise de hoquet secouant Lafayette au moment de répondre à une question de Washington. Ce dernier, entendant (en guise d’explication et d’excuse) un « hoquet, hoquet » sortir de la bouche du héros français de l’indépendance américaine, l’aurait pris pour un synonyme de « d’accord », transcrit phonétiquement… et adopté. Maintenant, consultons le juge de paix c’est-à-dire, en tout temps et en tout lieu, le dictionnaire. C’est le moment de dire tout le bien qu’on pense (jusqu’ici) du Online Etymology Dictionary. Que découvrons-nous ? La réalité est bien autre, bien plus baroque (1531, se dit d’une perle de forme irrégulière…) Nous découvrons que les bistrots ne valent plus rien pour l’apprentissage de la langue et de son histoire. O.K. est le seul survivant d’une mode argotique fugace (vers 1838-1839) qui consistait à abréger des locutions courtes et usuelles en affectant, par jeu, de mal les épeler. O.K., selon ce procédé, vient de oll korrect au lieu de all correct. L’histoire de Lafayette est peut-être bien trouvée (ma conviction est faible) ; elle est en tout cas parfaitement erronée.