Irresponsabilité pénale

Chez nous – j’ai failli écrire chez eux – les juristes et les psychiatres aiment à se tripoter la tige (c’est typiquement le mal français qui conduit à la surdité la plupart des intellectuels) ; je tire, je pousse, je sacque, je boute ; ainsi parviennent-ils, en jouant de leur sacqueboute (ou « trompette grave à pompe mobile »), à voir comme en plein jour dans le plus épais brouillard. Revêtus du manteau mal taillé de l’expertise à la française, ils évaluent le discernement du criminel, altéré ou aboli… On voit mal ce que l’obscurité peut bien attendre de ses degrés, sauf en peinture ou sur une photographie – mais quant au criminel… ! Les italiens, que nous avons accoutumé de considérer avec une condescendance amusée, se paient bien moins de mots, constatant que le pire des criminels n’a en quelque sorte pas le choix. L’irresponsabilité pénale se dit chez eux « incapable d’entendre ni de vouloir« . C’est ainsi que la justice italienne a statué dans le cas de Roberto Succo, criminel d’une intelligence peu commune selon les notions du même nom. L’intéressé, j’incline à le croire, a entériné l’expertise… en mettant fin à son existence. Pour contribuer une fois encore à rendre la honte plus honteuse en la publiant, notons enfin qu’un théâtreux quelconque a fait de Succo un totem. Et, par contraste, il convient de se souvenir que le grand Spinoza a démontré sans ambiguïté la parfaite équivalence entre l’entendement et la volonté.

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