Bon et bienveillant

En un temps de massacre généralisé des mots (conduisant à rendre la pensée subclaquante – pour ainsi dire bientôt morte), si je devais dresser un palmarès de l’assassinat, j’élirais le mot bienveillant. Je connais un amant disponible et très recherché (parfaitement soumis) dont les maîtresses, toutes issues du divorce ou de l’éducation nationale ou du travail dit indépendant, disent, comme pour le couronner, qu’il est bienveillant. Je ne parle pas cette langue, si j’osais, je dirais qu’elle m’offense en me faisant horreur. Tous les employeurs du jour, tous les banquiers, les politiciens, sans parler – pardi ! – des « travailleurs sociaux », se proclament  bienveillants. Il doit bien y avoir là quelque chose ! Un jour qu’on faisait mention d’un exploit improbable (donc incompréhensible) que j’aurais accompli pour soulager la misère de mon prochain, une femme qui avait des raisons de me connaître s’écria : « Rien d’étonnant – il est bon ! » Les décorations n’ont pas de sens, du vivant du récipiendaire comme, plus encore, après son pauvre trépas. Mais je rougirai toujours de cet hommage. Suis-je bon ? J’aimerais bien.

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