Bas les pattes !

Imagine-t-on le Pape titillé par quelque imagination sortie de la cervelle du Marquis de Sade ou s’empêtrant dans la barbe broussailleuse de Karl Marx ? C’est pourtant ce que vient de faire celui dont les Français s’imaginent qu’il est à leur tête… Voilà qu’il ose citer Simon Leys, un homme dont la probité, la subtilité, l’insondable culture, les qualités prodigieuses de styliste n’ont jamais connu de cesse.  Au sujet de Robinson Crusoé qui, après son naufrage, se serait préoccupé d’abord de ramener sur le rivage du jambon et du fromage, montrant en cela un pragmatisme exemplaire… Le désinvolte ignorant avait déjà utilisé cet exemple, il y a trois ans (une éternité), mais en attribuant la citation à Gilbert Keith Chesterton – ce que font remarquer des journalistes qui, pas plus que le roi républicain, ne savent lire. Corriger leur égarement s’avère un jeu d’enfant : Leys utilise la citation dans un essai impeccable consacré à … Chesterton ! Le m’as-tu-vu en chef omet deux choses dans sa revue des grands classiques : Robinson se munit de quelques outils et d’armes en même temps que de boustifaille. A quoi s’ajoute une approximation de la part de celui qui aime tant le peuple : le jambon est de chèvre séchée et non de porc comme tout un chacun pourrait penser ; pour les amateurs de sensations fortes (les électeurs du donneur de leçons), notons qu’il existe jusqu’à du jambon d’ours…  Ainsi qu’il fait toute chose, le gandin, l’enfant dictateur doit, je le postule, lire à la hussarde. Où trouverait-il le temps, lui dont l’activité se résume à sa contemplation dans le miroir et à l’incontinence du prêche ? Il est vrai que ses conseillers, sortis des meilleures (?) écoles, ont en général des souvenirs d’extraits choisis, littéraires et autres, qu’ils ressassent toute une vie pour assurer leur gagne-pain. Confondre la chèvre et le porc indique à l’envi la confiance qu’on peut faire au conducator quant à la conduite de la vie la plus simple. Ce n’est plus le roi qui est nu mais l’enfant : le conte d’Andersen cul par-dessus tête !

P.S. Simon Leys est, de toute mon histoire intellectuelle, la référence la plus constante, la plus vive. Alors, j’adresse à celui qui parle pour ne rien dire cet avertissement sans frais, quoique légèrement comminatoire : « Pas touche ! »  

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