Prodige des évidences

L’excellent Jean-François Revel, tant regretté par l’auteur de ces lignes, rappelait que les dictatures ne tombent pas parce qu’on les renverse mais parce qu’elles sont inefficaces. Cette évidence, tant historique que logique, semble avoir échappé à tous nos bons et beaux experts, nos brillants journalistes qui glosent copieusement sur le printemps ( !) des peuples ( !).  … Continuer la lecture de Prodige des évidences

Lettres à une dame en mal de distractions

Vous vivez, semble-t-il, de ce négoce plutôt actuel qui consiste à donner aux administrations défaillantes, comme aux entreprise cauteleuses, la recette des bâtons pour battre leurs employés, prétendument à leur propre bénéfice. Et vous venez de m’élever à une dignité inespérée puisque vous adorez me lire et brûlez de connaître mon esprit. Vous avez fait … Continuer la lecture de Lettres à une dame en mal de distractions

Vision

Je ne vois pas que le mal-voyant ait meilleure vue que l’aveugle. N’en déplaise à la plate cuistrerie contemporaine, les mots ne guérissent pas de tous les maux. Au reste, les mots de notre langue posent l’équivalence des termes cuistre et marmiton, gâte-sauce… ce qui mérite qu’on y regarde à deux fois.

Tante Line : un modèle.

Chaque quinze août, cette fête heureusement discréditée de nos jours,  Oncle Louis et Tante Line rendaient visite à notre grand-mère dans leur vieille Peugeot 203. Ils s’aimaient (comme on ne le sait plus) depuis des décennies… Tante Line était porteuse, sempiternellement, d’un très gros paquet de bonbons destiné à l’innombrable marmaille. Les petits hypocrites – … Continuer la lecture de Tante Line : un modèle.

La langue et le pouvoir (une dédicace)

Ne pense-t-on pas à un personnage éminent dans l’échelle cacophonique des valeurs médiatiques quand on lit ces quelques lignes de L’homme de paroles de Claude Hagège (p. 203) : « Même quand les formes linguistiques ne le disent pas aussi clairement que dans l’idiome des Aztèques, celui qui possède la langue est investi d’autorité. D’une plus grande … Continuer la lecture de La langue et le pouvoir (une dédicace)

Longévité

On m’a dit d’un livre – parmi les moins négligeables du siècle – : « Mais n’a-t il pas un peu vieilli ? » Ma tentation irrésistible a été de jeter un œil à l’achevé d’imprimer de la première édition. « Si, ai-je répondu, il a un mois de moins que moi, il a vieilli d’au moins soixante ans. »

Un écorché (en souvenir de la nuit du 6 au 7 août 2010)

Je connais quelqu’un qu’on a pu, parfois, qualifier d’écorché vif. Or nous sommes, désormais quasi exclusivement et pour notre malheur, à l’ère du cinéma et de l’image. La vision d’une telle créature – que j’imagine (que je ne fais pas qu’imaginer) réduite au silence absolu mais encore faiblement gémissante et gigotante – m’est tout bonnement … Continuer la lecture de Un écorché (en souvenir de la nuit du 6 au 7 août 2010)

Au spectacle

ll voit le singe se gratter ; il goûte son agilité, sa drôlerie, mais ça ne le gratte pas. C’est un spectateur. Moi ça me gratte, je ne peux détacher mon regard de la peau du singe, de son être – et ne peux faire abstraction des spectateurs.

Ecrivains, psychologues et prêtres

Le plus grand service que nous rend l’écrivain authentique consiste à mettre des mots sur nos pensées ; les psychologues – ces imposteurs – prétendent expliquer ce que nous pensons, en nous le faisant dire ! Les prêtres de jadis leur étaient bien supérieurs qui ne faisaient que nous écouter – avant de nous donner l’absolution.