Histoire de fantômes

Un homme seul qui déambule le long d’une rue vide, un dimanche après-midi, fait passer un frisson glacé dans mon dos – c’est qu’il me rappelle le fantôme dont j’occupe, sans espoir d’en sortir, l’ample défroque inhabitée avec, à son sommet arrondi, ces orbites vides qui ne laissent filtrer ni ne reçoivent aucun regard.

L’homme de la vallée perdue

J’ai toujours eu des relations difficiles avec la chair, faites d’un goût fulgurant du péché (vieil héritage) et d’une culpabilité lancinante (même héritage). Le cœur était d’un côté, le corps de l’autre ; l’un était blessé des incohérences, des foucades de l’autre ; le second aspirait sans fin à se réconcilier, à se fondre dans le premier. … Continuer la lecture de L’homme de la vallée perdue

Double culture ou double tradition ?

Alors que la culture personnelle, comme pratique instinctive et cumulative, comme pain quotidien, n’a jamais autant semblé menacée de disparition, on n’entend, de toutes parts, que références à une supposée double culture que détiendraient les citoyens venus (eux ou leurs pères) d’ailleurs. Il y a là un abus de langage. La culture consiste dans la … Continuer la lecture de Double culture ou double tradition ?

L’art peut-il sauver le monde ? (Un sujet de dissertation inepte)

L’art, jusqu’ici, n’a fait qu’interpréter le monde ; pour le sauver, il faudrait le transformer mais n’est-ce pas trop tard et est-ce sa mission ? Je ne le crois pas, son rôle éminent est de rendre le monde supportable (interprétable). Ça suffit bien ; pour le reste, aux hommes de se forger une morale qui puisse se traduire … Continuer la lecture de L’art peut-il sauver le monde ? (Un sujet de dissertation inepte)

Fin de vie ?

L’homme seul vieillissant – Albert Cossery en fut un exemple magnifique, presque héroïque – est condamné à regarder passer la vie aux terrasses de café, au mieux sous les espèces des très belles femmes raréfiées.

Avec les mots, il suffit de savoir qui est le maître

Je voudrais dédier aux politiciens pleins d’eux-mêmes (presque un pléonasme), aux entrepreneurs indélicats (ils sont loin de l’être tous), et à ceux qui se prétendent des travailleurs ou leurs représentants, ce délicieux dialogue : « Lorsque j’emploie un mot, répliqua Humpty Dumpty d’un ton de voix quelque peu dédaigneux, il signifie exactement ce qu’il me plaît qu’il … Continuer la lecture de Avec les mots, il suffit de savoir qui est le maître

Un usage dégradant

Tant que leur cœur n’a cessé de battre, les politiciens pensent toujours pouvoir rebondir : ce verbe, dans cet emploi, est inepte et impropre, n’ayant aucun rapport avec un ballon ou un adepte du trampoline. Quelques ignorants, propagandistes efficaces à en juger par la contamination, ont même transporté ce verbe haïssable dans les domaines autrefois sacrés … Continuer la lecture de Un usage dégradant

Serment

Serment au rebours des valeurs de ce temps (l’ego, l’argent et le voyage). Je t’aime plus que tout : moi (quantité négligeable), mes biens (pfuit !) et le reste du monde connu…

Un repentir

Un repentir – J’ai manqué à tous mes devoirs, et sans doute à la modestie, en insinuant qu’il importait, maintenant, de venir à bout de l’ignorance. C’est que je n’ai pas précisé qu’il ne s’agit en rien de souhaiter, appeler de nos vœux, une quelconque campagne d’alphabétisation ou de contribuer à un renouveau de la … Continuer la lecture de Un repentir