A mille lieues du ton académique et de l’érudition tatillonne, on souhaite, par des textes et des vidéos, réhabiliter, dans un même mouvement, la culture et la conversation, la curiosité universelle et le goût de transmettre.
Pourquoi la culture, pourquoi le revolver ?
On ne prête pas qu’aux riches, on fait aussi largement crédit aux monstres surtout en matière de monstruosités. Ainsi la fameuse formule joliment péremptoire : « Quand j’entends le mot « culture », je sors mon revolver. » est-elle attribuée tantôt à Goering, tantôt à Goebbels (ce que je croyais). De fait, elle est le fruit rance du talent soumis d’un obscur dramaturge national-socialiste, Hanns Johst, méritoire survivant des apocalypses (mort en 1978). Soucieux de plaire à son Führer, il concocta, à l’occasion de son anniversaire de 1933, un drame apologétique (Schlageter) où figure cette réplique : « Quand j’entends parler de culture, j’enlève le cran de sécurité de mon Browning. » Notons, au passage, la fiabilité de la postérité, quand elle cite et l’auteur et la phrase. Un nazi de quelque envergure, Baldur von Schirach (chef des jeunesses hitlériennes), a utilisé cette citation, lors d’un meeting, avec un certain succès.
On voit tous les jours que ceux qui n’ont pas les mots sont conduits à utiliser leurs poings comme argument supposé sans réplique. Notre projet est de montrer – et, si possible, prouver – que la culture est la seule parade sérieuse contre les coups et les assassins. D’où l’intitulé, volontairement provocateur, de notre site. Qui sait ce que les mots veulent dire, qui connaît, tant bien que mal, les grands traits de l’histoire de l’humanité ne saurait voir, bon an mal an, dans le visage de son prochain (d’hier ou d’aujourd’hui) que son reflet, avec la somme de ses espérances et de ses désillusions…