Le vide et le rien

Retraités en tête, nos contemporains sont très, trop disent-ils, occupés, alors que le temps de travail effectif n’a jamais été aussi bas. On est fondé à se demander si cette occupation n’est pas plutôt une invasion : celle, dans toute conscience contemporaine, de la peur panique du vide. Parade majoritaire, semble-t-il, de la troupe innombrable de Panurge : le travail puis l’occupation qui est la version médiocrement idyllique du labeur (week-end, voyages, soldes, « éducation » de sa progéniture, visites aux travailleurs sociaux et aux gourous du corps et de la psyché…) Raoul Vaneigem, hédoniste devenu vieux (grand cracheur à la face du christ devant l’éternel), n’a pas démérité en indiquant que rien ne valait le travail pour ne rien faire de sa vie. Poussé par la terreur du vide, l’individu contemporain s’occupe à des riens. Pas étonnant qu’on se sente si seul de nos jours.

 

 

 

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